Les Mayas – La fin des empires…

Mexique- Vallée du Yucatan. 

En 2009, j’ai commencé mon exploration en solo par la vallée du Yucatan. À ce moment, les efforts de l’industrie touristique mexicaine se concentraient surtout sur la côte est du Yucatan, soit la zone autour de Cancún et de Chichen Itza. À cette époque, j’avais passé 3 semaines en baroudeur en sortant le plus possible des sentiers touristiques. Ainsi, en sortant des circuits, on pouvait encore trouver des sites mayas encore sauvages, qui étaient à peine sorti de la forêt. C’est un feeling particulièrement « thrillant », car quelques part, on se sentait un peu comme les explorateurs modernes, qui ont recouvert la plupart des sites au début du XXe siècles. 
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En janvier 2009, ce fut l’un des moments les plus émouvants de mon voyage. La première pose devant la fameuse pyramide de Chichen Itza. Aujourd’hui, c »est maintenant une pose obligatoire pour tous les touristes qui y viennent.
Il y a seulement 10 ans, on pouvait encore visiter les lieux en solitaire. Ici le jeu de balle près de Ti Cul, sur la Routa Puc

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Nous y sommes retourné en 2016 avec Jacynthe pour y constater que l’industrie c’était fort bien développé. Les sites jadis sauvages, étaient maintenant des plaques tournantes de l’industrie touristique. Les attractions qui étaient plus typiques, étaient maintenant beaucoup plus internationales. Oui certainement, nous nous sommes retrouvé dans un « petit Disney » mais à la sauce mexicaine. Il est certain qu’avec la manne touristique, le Mexique devait s’adapter. Alors qu’en 2009, on se sentait encore un Mexique typique, en 2016, nous étions dans un Mexique international. Avec ses avantages aussi, un offre d’hébergement plus complète, de meilleures facilités, plus de gens qui parlent anglais, une communication plus facile, et une expérience très sécuritaire. 
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Ici deux photos du même endroit à 10 ans d’intervalle. Ici en 2009, ou nous étions pratiquement seuls sur le site d’Ek Balam.
Et même la méditation était possible.
Les temples étaient presque déserts.
Maintenant en 2016, ou les gens sont beaucoup plus nombreux. Pas encore une foule, car Ek Balam est bien à l’extérieur des lieux touristiques.
Et la vision du site plus dégagée.

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Une chose reste, est que ma plus grande découverte du Yucatan était certainement de comprendre que cette vallée, était, au XIIIe siècle, plus industrialisée que les grandes villes d’Europe. À son apogée, la civilisation Maya était l’une des plus développé de son temps, comparable aux grandes civilisations Khmers ou chinoise. En plus d’avoir des infrastructures complètes, la sciences, l’éducation, les religions, la sociologie, la psychologie, la cosmologie étaient développé, enseigné et faisait parti de la vie quotidienne des mayas. 

Le caracol. le temple en colimaçon qui servait de lieu d’étude de la cosmologie chez le Mayas.

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Partout dans cette péninsule, il y avait des routes, des villes et des maisons. Ces infrastructures développées et complexes permettaient ainsi l’accroissement de cette population. Une société complexe qui est tombée dans l’oubli.
Ces maisons, pour beaucoup faites en pierre de calcaire et bien sûr en bois, a amené une déforestation complète de la région. Cette déforestation, la baisse des récoltes, la surpopulation et finalement les guerres commerciales et militaires pour le contrôle des ressources ont contribué au déclin de ce formidable peuple qui jadis était au somment de l’échelle technologique.

L’un des monticules de pierres dans la foret. Sous ces modules nombreux en forêt, on y voir les vestiges de cette civilisation.

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Mais lorsque les européens ont mis les pieds sur cette terre au XVe siècle, les mayas, qui jadis était des superpuissances, n’étaient plus que des tribus éparses, moribondes, qui gardaient un très faible attachement à leur passé, et qui avaient oubliés leurs richesses. Elles étaient en mode survie, et dépendantes de la superpuissance de l’époque, les Aztèques, peuple du nord, qui ont profité du déclin des mayas, pour y imposer leur méthodes, leurs cultures, leurs rites, leurs langues. Et les mayas, pour survivre ont suivi le mouvement, comme les gaulois avant eux devant les romains, comme nous le faisons aujourd’hui, devant les superpuissances d’aujourd’hui, en adoptant l’anglais comme langue, utilisant leur fantastiques outils comme Amazon ou Alibaba en laissant doucement les commerces de proximité. 

Le site de Tulum, près de la cote Atlantique était l’un des derniers encore habité à l’arrivée des espagnols au XVe siècle. Comme les conquistadors s’intéressaient très peu à la culture, mais à l’or, nous n’avons pas beaucoup d’écrits sur ce qui restait de leur culture. Mais les tribus étaient très peu nombreuses, mal organisées, sans chef véritable. Ils étaient dans leur déclin culturel.

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Il y a quand même de grands avantage à l’explosion touristique. Les mayas on compris que cette culture perdue leur permettrait de se positionner sur l’échiquier touristique mondial. C’est ainsi que ce tout nouveau centre de valorisation de la culture maya trône magnifiquement à Merida. C’est certainement moins « typique » mais cela permet à tous les mayas de valoriser qui ils sont.
Ici dans le musée, on explique en détail, l’histoire et ce que nous savons aujourd’hui. La culture orale est maintenant dans les musées pour l’éternité…

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Mais bon, c’est la vie, et les peuples et les puissances tournent, selon les époques et les moments. Les puissants d’hier ne seront pas les puissants de demain. 

Le temps avait fait son chemin. Tout comme le retour de la nature sur ces superstructures de pierre qui se sont perdus dans les forêts. La Nature a repris ses droits. Ces forêts se sont reconstruites sur les ruines de ces temples de pierre, les forêts, la faune et la flore ont repris leur droits et pendant plus de 5 siècles, la vallée du Yucatan est revenu tranquille, et est redevenu un havre de paix.

C’est ainsi que régulièrement aujourd’hui, dans la vallée du Yucatan, on y retrouve des villes et des cités disparues. Personnellement, en 2009, j’ai eu l’occasion de me promener dans une forêt qui n’était pas sur aucune carte, aucune dénomination, pour y retrouver des monticules de pierres, et des ruines de temples qui étaient simplement oublié. Aujourd’hui, ce genre de balade est interdite pour des raisons de sécurité, mais à l’époque c’était encore possible. 

Je vous mets ainsi, cette publication qui mentionne justement l’un de ces sites oubliés. 

Quoi comprendre de cette expérience? C’est que peut importe la puissance que nous pensons avoir, la nature et le temps sera toujours plus fort, et que nous ne savons pas ce que l’histoire gardera de nous. Les richesses d’aujourd’hui, ne seront pas nécessairement les richesses de demain. Mais ce qui reste après ces siècles, ce sont les histoires et les évolutions des humains. C’est l’une des raisons pour laquelle ce blogue existe: pour raconter les histoires de ces humains qui nous entourent pour ne pas que ces histoires tombent dans l’oubli, que les cultures d’avant et d’aujourd’hui traversent le temps. 
Justement, en ces temps où l’on voit à vitesse Grand V le déclin des cultures locales pour la globalisation, il est important à mon avis de regarder aujourd’hui ce qui se passe. L’histoire se répète…

C’est ma petite pierre à l’édifice de l’humanité. 

Bonne journée. 

Stéphane

Note 1: Petite chronique écrite en 2016 relativement à cette histoire. En fait, déjà, le Voyageur des Âmes commençait à philosopher sur le sujet. Cliquez sur l’image

Note 2: Nouveau site maya récemment découvert en cliquant sur l’image suivante: