Yangon- Le carrefour culturel

Yangon… Rangoon pour les Britanniques… Une ville difficile à décrire… Une ville, qui tout comme les autres villes d’Asie, est complexe, grande et il est difficile de comprendre cette ville en y restant que quelques jours.  Car ici, comme partout, ces capitales économiques n’ont pas les charmes bien entendu des petites villes pittoresques, mais c’est l’endroit ou la vraie vie économique se passe.   Car il faut le dire, Yangon reste aujourd’hui le centre économique du Myanmar.

Oui Yangon a gardé un grand nombre d’édifices coloniaux britanniques.  Marcher dans ces rues nous rappelle certainement la grande époque où les colons britanniques, tout comme les Français avec l’Indochine, contrôlaient le pays.  Et qui dit colonisation, dit aussi l’asservissement des « locaux » à l’envahisseur.  Car ici aussi, dans cette capitale de ce Myanmar, les colonisateurs ont laissé leurs traces, bonnes ou mauvaises.

Ils ont modernisé l’éducation, construits de nombreux très beau bâtiment colonial, et bien sûr gardé une emprise économique et politique sur le pays.  Car entre la conquête de 1853 et l’indépendance de 1948, le maitre anglais a régné en maitre et roi sur ce pays.  Et sans entrer dans les détails historiques dont je vous invite à lire sur Wikipédia, nous pouvons simplement dire que l’histoire du Myanmar entre 1948 à ce jour, est drôlement complexe, remplie de haut et de bas, d’influence internationale et nationale, de montée ou de descente aux enfers.  En fait, Yangon est le symbole de ce pays, soit un pays aux jonctions des influences indiennes, britannique, chinois et thaï. Le Myanmar a été au cours de son histoire, tout comme pas mal de pays en Asie du Sud-Ouest, la représentation à petite échelle de ce qui se passe dans le monde colonial de l’époque.  Encore aujourd’hui, les fluctuations politiques au Myanmar sont toujours en évolution, ou, ce pays riche, tant au niveau des gens que des ressources naturelles, effectue cette transition vers la modernité, une transition qui se voudrait le « plus démocratique » et le « plus en douceur » que possible, se retrouve bien malgré lui, dans ce tourbillon de modernité dans lequel nous sommes tous.

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Yangon est la capitale économique d’un pays qui s’est ouvert à l’internet que depuis deux ans.  Seulement deux ans.  Pour eux, des éléments qui pourraient nous sembler banales pour nous tel que Facebook, YouTube, Maps, le GPS, les photos sur le téléphone intelligent, sont des innovations complètement nouvelles.  Pour ce pays, cette ouverture sur le monde est nouvelle, et malgré le fait qu’ils ont été un protectorat officiel et officieux de la Grande-Bretagne, l’arrivée de l’anglais est encore en progression.  Au Myanmar, c’est une véritable révolution qui s’opère, dans ce mélange d’influence occidentale certainement, mais aussi chinoise qui comme ailleurs, installent doucement, mais rapidement leur contrôle sur les leviers économiques. Yangon est au centre de cette révolution.

Autre élément important à comprendre, c’est que contrairement au Vietnam ou au Cambodge, ou les ethnies majoritaires sont « très majoritaires », ici au Myanmar, il y a une multitude de groupe ethnique différent, qui ont, eux aussi des cultures différentes.  Et tout comme je l’ai fait, il est facile de « penser que les Birmans sont tous comme cela », en grattant un peu plus, en posant un peu plus de questions sur leur culture, on se rend compte qu’il y a ici un grand nombre de cultures différentes.  Et ces cultures présentes, peu connues du public si ce n’est que par leur différente façon de s’habiller, amène nécessairement des chocs sociaux.  Ces chocs sociaux, maintenus au silence à l’époque de la junte militaire, surgissent çà et là, dans les différentes provinces du pays.

Lorsque l’on marche dans Yangon, on voit très bien cette diversité culturelle à l’intérieur même de ce pays très complexe.  Nous le voyons par leur trait, leur religion, leurs temples, leurs habitudes de nourriture et culturelles.  Ici se côtoient les moines bouddhistes dans les nombreux pagodes et stupas, les musulmans qui fréquentent leur « thea room » tout près des mosquées, les hindouistes devant leur temple hindou colorés et joyeux, les catholiques devant leur basilique, les presbytériens et les protestants dans leur temple et les confusionnistes chinois avec leurs temples personnels aux ancêtres.  Tout ce joyeux mélange de religions apporte avec eux une multitude de personnes, de cultures, de langages et d’habitudes. Yangon est une ville véritablement multiethnique.

À l’hôtel que j’habitais à Yangon depuis trois jours, j’ai pu échanger avec la Grand-Maman de l’hôtel.  Une dame dans la soixantaine, qui m’a raconté un peu plus de son pays, dans un anglais certes rouillé, mais très fonctionnel.  En discutant avec elle de Yangon oui, mais du Myanmar dans son ensemble, j’ai pu comprendre un peu plus ce pays complexe qu’est…. La Birmanie… Non le Myanmar. Car, j’ai compris là un élément essentiel…. La Birmanie, les birmans… Cette appellation occidentale de leur pays, est pour eux, et en particulier les vieux, un affront colonialiste.  Ce nom, la Birmanie a été donnée par les colonisateurs, et représente la colonisation, autant que lorsque l’on dit aux Vietnamiens que vous allez visiter l’Indochine.  

En discutant avec la Grand-maman, j’ai compris un peu plus de ce qui se passe derrière ces vieux bâtiments coloniaux, qui n’ont pas tous bonne mine.  Car bien sûr, nous restons dans un pays tropical, ou la pluie et la chaleur affecte nécessairement les infrastructures qui nécessitent de l’entretien.  Et comme ce pays a été fermé sur lui-même depuis des décennies, ces entretiens esthétiques n’étaient pas prioritaires.  Mais encore une fois, il faut aller au-delà de la moisissure sur les murs, et entrer dans ces édifices.  Il faut gratter la porte, pour voir à l’intérieur, comme il faut le faire avec les gens que nous rencontrons.  Et lorsque l’on ouvre la porte, c’est là que la magie s’opère. Ces vieux édifices qui semble pour certain si moches à l’extérieur, sont remplis de vie.  Remplis d’activité.  Car ils sont plus qu’habités, ils sont dynamiquement ouverts.

Par exemple, en marchant dans l’un des quartiers, je passe devant un bâtiment qui me semble assez important pour avoir une histoire.  Gros bâtiment de pierre, avec une architecture coloniale, gris et blanc. Je n’ai aucune idée de c’est jusqu’au moment, ou j’entre.  Je me rends compte que c’est « la Banque populaire nationale », un genre de « Caisse Desjardins local » a ce que j’ai compris.  En fait, cette organisation d’état aide et cherche à bâtir l’épargne chez les citoyens « à petit revenu » et plus particulièrement les femmes qui maitrise le pouvoir économique et la monnaie dans ces pays du Sud Est.  Ici, c’est les femmes qui gardent l’argent.

En entrant, le monsieur de la sécurité m’accueille et m’invite à entrer, ou je fais le tour du bâtiment avec ce monsieur de la sécurité, qui ne parle pas trois mots en anglais, avec du personnel qui ne parlent pas plus, mais qui me montre le bâtiment, les portes, les salles, et me font une visite guidée de ce qui est en fait une « banque dans un ancien bâtiment colonial ».  Je ne serai jamais ce qu’était ce bâtiment avant et au fond je m’en fous.  Ce que j’ai compris est que ces maisons ont été construites à une époque et que les gens du Myanmar en ont totalement repris les rênes.

Même histoire devant un autre.  Autre bâtiment, mais cette fois j’entends des chants.  Je passe la tête à la fenêtre pour me rendre compte que c’est une école, ou les enfants chantent.  Ce vieux bâtiment qui n’a l’air de rien est le centre de l’éducation.

Parlant de chant, ici, pas de musique tonitruante partout, mais des chants. Car ici on chante beaucoup.  Des chants modernes et traditionnels qui font du bien à l’âme.  Que ce soit la petite cuisinière à Mrauk U qui chantait constamment en cuisinant, ou la gentille fille de l’hôtel à Mandalay qui chantait les plus grands hits de l’heure au Myanmar, que les personnes dans la rue, ou que les chorales improvisées, ici, on chante.  

Finalement, je l’ai dit Yangon est le centre religieux de cette multitude d’influences, au centre la célèbre pagode de Shwedagon, un magnifique site religieux qui date de plus de 2600 années, qui bien avant l’arrivée de bouddha, était un centre de la religion.  Il faut comprendre que les pagodes, c’est plus que des églises chez nous, c’est le centre de l’activité sociale.  Ici, on vient prier certainement, mais aussi on vient y vivre, rendre hommage, mais aussi retrouver ses amis, retrouver la vie communautaire.  On y vient, car c’est important.  On y vient, car ici, on se rassemble.

J’ai bien aimé Yangon, et comme tout au long du voyage, comme les autres grandes villes, il faut prendre le temps pour gratter au-delà des bâtiments vieillots, ou des immeubles clinquants.  Il faut gratter un peu le verni, ou l’absence de verni afin d’y voir la véritable nature derrière.  

C’est la mission du voyageur! 

Voici quelques photos et les explications.

La grand mère
Elle était très fier de me montrer cette harpe traditionnelle que sa mère jouait
Beaucoup de bâtiment coloniaux ont cet aspect
L’ancien bâtiment de la cour de justice britannique qui est encore en fonction.
Bien sûr la circulation est omniprésente
La construction est aussi omniprésente. Les vieux bâtiments sont remplacés graduellement par des immeubles modernes
Les stupas, tout comme les églises chez nous sont partout
Ici un centre colonial changé en arcade
Ici au Myanmar, les canalisations d’eau potable sont complexes. Ainsi, les stations de livraison d’eau comme cela sont omniprésentes
La presence des moines, et ici des soeurs est aussi très visible. Il est difficile de les distinguer, si ce n’est que al différence de couleur. Les femmes sont en rose et les hommes en marron. Mais elles sont toujours très belles et très élégante avec le parasol assortis
Les petites filles qui passent demander de aumône dans les rues passantes
Parlant de parasol, ici, les parasols font aussi parti de l’habillement. On le choisi avec classe comme on choisi son sac à main en occident.
Le Myanmar est l’un des pays du textile. Partout ces petites « shop » de tissus tissent cousent les vêtements que nous portons.
J’ai vu quelques unes de ces librairies en plein air, ou on revend des vieux livre, tant occidentaux que du Myanmar
Les cafés
La vie dans la rue. ici un vendeur indien qui vend des somosas
Et bien sûr les marchés aux fruits
L’école dont je parlais dans l’article. Je n’ai pas pu prendre des photos des enfants par respect
Le bâtiment de la Banque dont je parle dans l’article
L’intérieur de la banque
À Yangon, il y a aussi un très beau parc avec un lac. Magnifique site de relaxation dans le brouhaha de la ville
Des amoureux qui se retrouvent dans les parcs comme partout ailleurs
Une Église catholique
Une église presbytérienne
Un temple confusianisme
Une mosquée
La guide et notre petite bande
La fameuse pagode. Il faut savoir que le dessus de la pagode est décorée de véritable feuille d’or payées par les pèlerins. Une fois aux 5 ans, ils doivent redorer la pagode
L’une des 4 entrées à la pagode. Il y a 4 entrées aux quatre coins cardinaux
Ce qui est unique est qu’ici la plupart des stupas sont fait de véritables feuilles d’or. Dans les stupa plus petites, ce n’est que de la peinture or.
Les vraies feuilles d’or font une veritable différence, tant au niveau du look que du coût d’entretien.
La pagode est aussi une occasion de montrer sont entreprise. Donc, les compagnies louent des stand afin de montrer très clairement qu’ils font des dons à la pagode. C’est un outil de marketing important pour eux. La version du Myanmar des pubs!

Selon la tradition bouddhistes, nous devons prier notre « totem » relié au jour ou nous sommes nés. Dans mon cas, c’est le mardi, donc le Lion est mon protecteur.
La pagode en restauration
Ici une reproduction de 1,5 metre en or massif de la pagode. Toujours fait à partir des dons des pélerins.
Cette cloche immense aurait été décrochée par les Britanniques a la fin de la guerre birmane afin de découragé le peuple a prier. Plutôt que de décourager le peuple, ils se sont réuni de plus belle deux années plus tard afin d’aller la chercher au fond de la rivière. C’était en 1850.
Et le bouddha géant qui veuille sur nous