Abidjan Côte d’Ivoire
Qui d’entre vous ont vu le film Cinéma Paradiso? Un grand film italien mettant en vedette entre autre le Grand Philippe Noiret qui signe une performance magistrale dans le rôle d’Alfredo, le machiniste du Cinéma. Toto, jeune garçon un peu turbulent dont on ne sait pas quoi faire, s’éprend du vieil homme un peu bourru, qui lui transmet son amour du cinéma. Plus tard, Toto qui est maintenant Salvatore Cascio, l’un des grands réalisateurs de son époque, revient dans sa Sicile natale, ou une quantité énorme de souvenirs, bon ou moins bons lui revient. Alfredo après un accident, avait fait promettre de ne plus jamais revenir dans ce village. Mais à la mort de celui-ci Salvadore redevient Toto, le jeune garçon qui courait dans les rues de son village.
Mais vous savez quoi, en voyant les lumieres d’Abidjan cette nuit, j’étais tout comme Toto de retour après 30 ans. Mon voyage à Abidjan a véritablement forgé ce que je suis aujourd’hui, et ce désir d’aller toujours plus loin. C’était une expérience marquante, pour le jeune homme de 21 que j’étais. C’était mon premier voyage en solitaire, c’était mon premier voyage en avion, c’était la première fois, en ce mois de septembre 1989 que je quittais le Québec de ma propre initiative, pour aller explorer le monde. Et en descendant, je revoyais les images dans ma tête de cette descente, avec un mélange d’extase et d’anxiété. En fait, j’allais en Côte d’Ivoire cette terre qui a forgé une partie de ce qu’est le Voyageur des âmes aujourd’hui. Qu’est ce que j’allais retrouver ? Qui j’allais retrouver et surtout est ce que j’allais retrouver l’Âme de la Côte d’Ivoire 30 ans plus tard.
Car oui, tant la Côte d’Ivoire que moi même, avons changé depuis ces années. Nous avons vécu tant d’aventures, chacun de notre côté, et que finalement on se demande si cette connection magique allait encore tenir.
Mais comme toujours, ce qui fait la la différence ce sont les gens, et non pas les bâtiments. Car tout comme les humains, les bâtiments vieillissent, certains sont détruits pour être remplacés par des plus neufs, d’autres sont rénovés et finalement ils y en a, qui n’ont pas vraiment changé. Mais c’est avec un grand plaisir que j’ai retrouvé cette âme ivoirienne, celle qui m’a marquée et forgée.
J’avais bien préparée cette arrivée grâce à mes amis d’il y a 30 ans, Rolland Nanguy mon frère aîné et sa douce femme Jocelyne qui fut ma maman pendant ce temps et surtout, le garçon que j’ai presque vu naître le 2 décembre 1989 Guy Roselin, m’ont accueilli bien avant que j’arrive. Ils étaient tous les 3 à 2h30 du matin, afin de m’attendre à l’aéroport à 4hrs du matin. En plein milieu de la nuit. Ça y étais les émotions étaient trop fortes, je me suis retrouvé, tel Toto en Sicile 30 ans en arrière. Ma famille Ivoirienne était réunie. Il ne manquait que le grand frère, celui qui rendu possible tout cela il y a 30 ans, Philibert, je j’avais revu à Paris il y a quelques semaines.
Et une première journée magique. Guy Roselin ne ménage pas les efforts pour me rendre la vie agréable. Donc après quelques heures de sommeil, nous nous sommes raconté nos vies, rappelé des souvenir. Nous avons parlé de Sarah ma grande sœur ivoirienne qui me surveillait tel une maman poule, de Maz l’autre frère, Léandre le jeune, de Treichville le quartier où j’allais retrouver mes amours de jeunesse Hirondinas ou Sonata, du Village ou j’ai participé à ma première fête de génération une expérience marquante pour un jeune Toubab, des pêcheurs Ghanéens, qui m’impressionnait, de la conscience toute ivoirienne de voir le temps passer, de la conception toute unique de « conduire une voiture », de la vie qui fait son chemin à travers le temps et nos cœurs.
La Grande Famille Ivoirienne est toujours là, un peu plus vieille, un peu plus « ronds et rondes », plus ou moins amochés pour certains, mais ils sont là, avec le même cœur gros comme des montagnes.
Finalement une journée magique avec Guy Ro et Rolland ou le poisson braisé, le lapin, les oignons, l’alloco, attiéké et la bière, sur la lagune, nous a permis de refaire le monde. Un contact avec Philibert qui était au boulot, et pour finir une visite surprise à Jocelyne qui revenait de travailler. La famille au complet dans une rencontre des plus spontanée. En fait c’est ça la vie.
Demain, on commence à bosser car au final, c’est pour cela que je suis ici, mais c’est parti remise samedi et dimanche. Samedi nous avons une « réunion avec Philibert et Rolland ». à Treichvile où nous allons nous remettre au Koutoukou. Un moment où les vieux verront ce qu’ils ont dans le Ventre.
Donc finalement Toto est très heureux de revenir. Les gens et Abidjan change, mais l’Ame des vrais amis, de la vraie famille reste.
Stéphane.