Le dieu Yannick

C’est la période des fêtes et des réjouissances. C’est génial de voir les gens que nous aimons, et pour moi en cette nouvelle année un peu spéciale avant ces trois mois de pause professionnelle, je vois aussi les gens d’un œil différent. Pas tellement parce que les gens sont différents, mais surtout parce que mon regard vers eux est différent. Peut-être aussi que ce blogue du voyageur des âmes me porte aussi à les regarder autrement?  Qui sait?

Donc, en cette période, et surtout depuis les dernières semaines, je me suis mis en mode écoute, et surtout, je me suis mis à observer la capacité des gens à écouter. Pas uniquement ce que j’avais à dire, mais comment ils écoutaient leur environnement, comment ils écoutaient les autres autour d’eux. 

Car justement, dans ce brouhaha incessant des fêtes, où tout le monde est heureux de se voir, de discuter et surtout de raconter ce qu’il a vécu, et ce qu’il vivra, c’est très facile de poser quelques questions et de chercher à les comprendre mieux. Et de remercier, d’embrasser, d’échanger nous permet de nous rapprocher un peu plus comme « humain ». Et parmi les gens que j’aime, il y a des personnes qui je crois sont particulièrement sensible aux autres, aux ressentis des autres, qui écoute un peu plus que ce que raconte leurs yeux. Et parmi ces personnes, il y a mon personnage du jour Yannick.

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L’Ode aux gentils

Il y a autour de nous une quantité de gens qui sont des « gentils ». Ce sont des personnes qui sont fondamentalement gentilles et qui aiment tout simplement faire plaisir. Faire plaisir, car cela leur apporte autant de plaisir qu’à eux même. Et dans ce monde actuel, être gentil ce n’est pas toujours facile. Dans ce monde ou souvent tous sont observés à travers leur propre nombril, les gentils sont souvent jugés de faibles ou d’émotionnel. Des gentils, on en retrouve partout, mais souvent un moment ou un autre dans leur vie, ils vivent des moments compliqués. Ils aiment faire du bien, car ce bien qui rayonne autour d’eux leur apporte autant de bien qu’ils en donnent. Ce qui est différent d’une grande partie de la population. Car ils donnent simplement pour donner, sans attente de retour.

C’est compliqué être gentil, car le gentil a priori devient une victime facile pour ceux qui au contraire, tente par tous les moyens de récolter cette dose de bonheur. Car quelques parts, il y a aussi ceux qui manquent cruellement de gentillesse autour d’eux. Et là commence le cycle de l’exploiteur et de l’exploité.

La gentillesse, c’est comme une bombonne d’oxygène que tout le monde transporte. C’est un besoin fondamental de se sentir apprécié, reconnu, aimé dans ce monde. Et pour certains malheureux, cette bombonne d’oxygène de bonheur intrinsèque, fuit au fil et à mesure que la personne vit. Ils perdent du bonheur quoi qu’ils fassent. Leur bombonne ne se remplit pas aussi vite qu’elle se vide.

Comme je l’ai déjà écrit lors d’un blogue précédent, le besoin de se faire apprécier de son entourage, d’exister pour une ou plusieurs personnes est plus qu’un luxe, c’est une question de survie. Et pour ces personnes dont la bombonne de bonheur est en fuite constante, ils doivent nécessairement prendre leur bonheur ailleurs, remplir cet oxygène auprès de ceux qui semblent en avoir beaucoup, soit les gentils.

Les vrais gentils dont je parle, ont une bombonne de bonheur avec une plus grande capacité que les autres, et qu’eux, la bombonne ne fuit pas, mais quelques fois, il y a un trop-plein de bonheur, ou d’émotions qui en dégage. Ces gentils sont fondamentalement heureux, et aiment rendre les gens autour d’eux heureux. Ces gentils ont une bombonne tellement remplie qu’elle déborde. Et ce bonheur qui en dégage attire inévitablement ceux qui en manque, les malheureux à la bombonne percée. C’est alors que le cycle malheureux de l’exploiteur-exploité s’installe.

Ce cycle que Isabelle Nazar-Aga avait nommé le cycle des « manipulateurs pervers narcissique » est probablement l’un des éléments les plus présents dans ce monde ou l’attrait du nombril, le besoin personnel qui va au-delà des besoins des autres. Et les gentils sont souvent les premières victimes de ces malheureux. Ces malheureux s’accrochent aux gentils afin de prendre la source vitale de bonheur dont ils ont besoin pour vivre. Et quelquefois, ils en prennent tellement qu’ils laissent le gentil vide de bonheur, la bombonne sur exploité par le malheureux qui lui prend son énergie.   Le gentil, étant incapable de remplir sa propre bouteille, devient inutile pour le malheureux, qui cherche alors une nouvelle bombonne à exploiter. Ce n’est pas conscient ni méchant, c’est pour lui une question de survie. Mais comme le vampire qui a pris l’essence des autres, il doit maintenant chercher à se nourrir ailleurs.

Mais le gentil, la victime, devient alors l’ombre de lui-même. Ne sachant pas exploiter le bonheur des autres, il se referme afin de se refaire une santé bonheur dans son coin. Ce qui peut prendre du temps… Et pour certains, ces gentils deviennent eux-mêmes des malheureux, des exploiteurs de bombonne de bonheur.

Si je vous parle des gentils aujourd’hui, ce n’est parce que c’est gentil d’en parler…. C’est que parmi ces gentils, il y en a qui se démarque. Yannick est l’un de ceux-là.

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Le CÉGEP, ce Nouveau Monde

J’ai connu Yannick alors que je rentrais au CÉGEP. À 17 ans, ce changement d’environnement est une phase importante dans la vie d’un jeune adulte. Car pour plusieurs, c’est la période où l’on passe vraiment de la phase « adolescente » à la phase  « jeune adulte ». Nous quittons un environnement connu, celui de l’école secondaire, où nous connaissons les codes, connaissons les amis, les environnements. Au fil des 5 années d’adolescence, nous avons compris naturellement avec qui nous pouvons nous lier ou pas, nous avons appris qui étaient les amis, les gentils, les méchants, les manipulateurs, les exploiteurs, les blessés, ceux qui donnent de l’énergie et ceux qui en prennent. Nous quittons un monde connu vers un Nouveau Monde. En ce sens, j’arrive au CEGEP Édouard Montpetit ou ma tribu du secondaire, se retrouve complètement explosée dans une multitude d’unités différentes. Je ne suis pas différent des autres, et pas trop différent que maintenant, je me sens excité de ce Nouveau Monde qui s’ouvre à moi. 

Le groupe d’amis avec qui j’avais passé les dernières années lui réagit d’une façon différente. Ils préfèrent rester entre eux, un peu comme une petite tribu qui se retrouve dans un nouveau pays. Ils se serrent les coudes, bâtissent autour d’eux des palissades afin de ne pas laisser entrer des étrangers dans leur village dans ce pays qu’ils sentent hostile. Ils se retrouvent tous au même endroit dans la cafétéria, discutant des mêmes sujets que par le passé. Ils aiment bien se retrouver entre eux, et cultiver entre eux cette énergie du passé. Cela les rassure, les conforte et leur permet de construire autour d’eux une zone de sécurité et de contrôle, dans ce nouvel environnement rempli de nouveauté.

Ma réaction est toute différente. Personnellement, le CÉGEP est pour moi un Nouveau Monde, et j’en suis vraiment excité. Je jubile à voir les nombreuses activités, les centaines de groupe de travail, les milliers de nouveaux humains à explorer. Le journal du CÉGEP est pour moi une nourriture très grande ou je me retrouve tout à coup au milieu d’un tourbillon de personne qui se cherche toutes de nouveaux repères, de nouvelles traces de connu. C’est dans ce mouvement que sans mouvement brusque, sans départ précipité je me mets instinctivement à la recherche de nouveaux horizons. Et c’est dans ce contexte que je rencontre Yannick à l’OLIMPE.

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« L’OLIMPE » déjà en partant ce nom m’évoque quelque chose de mystérieux. Moi amateur de Dongeons & Dragons, amateur de fantastique, je me retrouve dans cette organisation qui veut dire finalement « Ô Ligue d’Improvisation Mon Petit Édouard ». Quel acronyme fantastique ! Je ne sais pas qui a pensé à cet acronyme, mais je me dis que c’est vraiment génial.   Une ligue d’improvisation. Pourquoi pas ?

Personnellement je n’ai vraiment jamais eu trop de talent dans le théâtre ni dans l’improvisation par le passé, mais j’aime bien le concept, et l’idée de créer des histoires et de vivre des histoires à répétition dans un contexte ludique m’intéresse vraiment beaucoup. Alors, je me promène, le journal étudiant à la main, à travers les coursives du CÉGEP afin de retrouver ce local, un peu caché de l’aile C du CÉGEP si je me souviens bien jusqu’au local de l’OLIMPE.

C’est dans ce local que j’ai rencontré une belle famille, ma nouvelle famille de personne qui m’a accueilli à bras ouverts, moi l’étranger. Une famille qui m’a souhaité une bienvenue tellement riche que je n’ai jamais oublié ce moment. Une famille qui contrairement à ma tribu du secondaire, accueillait les étrangers avec une telle sensibilité, un tel dévouement que dès les premières minutes, je me suis senti là. Et cette famille, le personnage le plus important était Yannick.

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Yannick le ciment de L’OLIMPE

Yannick, c’est le petit homme du groupe, une coupe blonde stylisée à la Rick Ashley un peu élevée sur le dessus comme le voulait l’époque. Yannick ne marche pas, il danse, il danse toujours, il a de la musique dans la tête constamment, et cette musique lui donne un pas jazzé. Il flotte sur le plancher. Bien sûr, les années 80 lui donnent un veston pastel du genre « Miami vice », avec des souliers raffinés et un pantalon assorti. Pas de basquet ou de running, on est stylé ou on ne l’est pas.  

Yannick parle beaucoup, et rapidement, il me raconte la famille de l’OLIMPE. Il est arrivé une année avant moi dans cette organisation qui a connu toute une belle année. Le noyau autour de Yannick est très fort. Et finalement, je comprendrai plus tard que bien qu’il n’en fût pas le chef, c’était lui le ciment qui tenait tout ce beau monde ensemble. Yannick mine de rien en était l’inspiration sans que personne ne s’en rende compte. Car l’histoire le dira, lorsque Yannick quitta l’OLIMPE, l’OLIMPE n’était plus.

Il parle beaucoup et dès les premières minutes, je sais qu’il habite à quelques kilomètres de chez moi. Il s’intéresse à moi, il cherche à me rendre heureux. Il me prend sous son aile, et rapidement, grâce à lui et aux autres, je suis dans cette famille comme si j’y étais depuis toujours. Voici quelques-uns de ces personnages qui me restent encore en mémoire. Je suis désolé à l’avance pour ceux que j’ai oubliés.

Cyril, le grand chef, le statisticien, celui qui a tout écrit du livre de règlement, jusqu’à la chartre de travail et des valeurs. Il a tout prévu, tout calculé, et d’une rigueur à l’organisation. Immédiatement, je sens que cette famille est importante, mais l’ordre l’est autant.

Rod le grand aux cheveux noir, noir profond. C’est le taciturne du groupe. Celui qui ne parle pas beaucoup, celui qui observe, celui qui nous regarde avec un sourire en coin. C’est celui qui pose une ou deux questions, mais qui laisse les autres répondre. C’est celui qui a « LA VOITURE » que je ne me souviens ni de la marque ni de la couleur, mais c’est lui qui conduit la bande.

Catherine la généreuse. Catherine c’est elle qui un jour d’anniversaire triste de septembre 1985, le jour où j’étais en transit entre deux familles, la tribu du secondaire et la famille de l’OLIMPE. Voyant ma solitude et ma tristesse, elle m’a offert un bouquet de ballons invisibles que j’ai redistribué tout au long de ma journée. Ce bouquet invisible fait partie de mes plus beaux cadeaux d’anniversaire à vie.

Rita, la très belle actrice italienne. La grande Sarah Bernardt du groupe. Celle qui sera actrice et qui aura de grands rôles. Mélodramatique, dans le superlatif, Rita est celle qui dégage un tel magnétisme que tu ne peux pas faire autrement que de l’écouter et de la regarder. Elle est magnétique. Mais tout comme les êtres tout en émotion, elle s’enflamme avec passion lorsque les choses ne lui plaisent pas.

Mario le sérieux. Mario c’est le business man du groupe. Sérieux et directif, Mario arrive toujours à ces fins. Il a un plan en tête, il veut l’accomplir et l’accomplira coute que coute. C’est celui qui est avant tout structuré et déterminé.

Alain, c’est celui qui rayonne ou plutôt qu’il aime rayonner. C’est la grande vedette qui aime prendre la lumière. C’est celui qui doit exister, exister pour lui et exister pour les autres. C’est celui qui vit devant sa lumière et qui se défini par cette lumière.

Paul, celui qui lui aussi deviendra un ami. Un autre gentil par excellence! Celui qui partagera aussi la passion des jeux de rôles, qui mènera ces jeux à un autre niveau. Paul ne faisait pas que partager sa passion, il la vivait pleinement. Paul ne faisait rien à moitié.

Et finalement, la vedette du groupe François, qui déjà au CÉGEP avait un don naturel pour la scène, faisait déjà de la télé avec une vivacité, une passion communicative de ses convictions, celui qui savait naturellement quoi faire devant. Il est LE porte-parole.

Mais l‘âme du groupe, celui qui fait que ce groupe est véritablement un groupe, celui qui est le ciment dans cette bande, celui qui fait que la banque est plus qu’une bande, c’est Yannick. Car Yannick, ce n’est ni lui le chef, ni le dirigeant, ni le directif, c’est celui qui donne une âme, une famille.

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Le pouvoir rassembleur des gentils

Des gentils, il y en a partout autour de nous. Mais ces gentils ont tous un jour ou l’autre la vie dure. Tous les gentils que j’ai connus ont aussi connu leur manipulateur, celui qui a cherché à prendre une dose de bonheur de cette bombonne. Yannick, comme Jean-Marc, François, Lynda, Caroline, Michel et de nombreux autres, ont tous connu leur Némésis, celui qui dans une recherche de bonheur absolue, ont « pompé cette énergie vitale » à un point ou ces gentils se sont tous demandé si c’était eux le problème aux yeux des autres. Alors ces gentils ont fait ce qu’il faut faire pour survivre, c’est-à-dire de faire attention à leur propre énergie vitale.  

Donc, Yannick me rappelle une petite chose, faites attention aux gentils autour de vous. Ces gentils sont gentils par nature et ils cherchent simplement à distribuer ce trop-plein d’énergie qu’ils ont. Pour beaucoup, il ne demande que très peu de choses. Un merci sincère, une reconnaissance, et finalement, ils cherchent à se faire aimer par leurs semblables. Mais faites attention, car ces gentils d’expérience savent distinguer le vrai du faux. Ils savent ce que c’est un vrai merci ou un faux merci. Donc, soyez sincère avec eux, ils le seront en retour.  

Être gentil, est ni un défaut ni une tare. C’est simplement un besoin intrinsèque qu’ils expriment plus clairement, plus fortement que d’autres. Cette âme des gentils qui définit les groupes, qui donne une magie, une personnalité à cette collectivité. Sans gentils, il n’y a pas d’âmes, que des humains qui produisent une tâche ensemble.

2019, l’année des gentils

C’est ainsi que je décrète que 2019, soit l’année des gentils. Je souhaite donc que tous les gentils puissent enfin affirmer leur gentillesse sans devoir se défendre, ou mettre un bouclier devant eux. Que ces gentils puissent vivre à fond leur gentillesse sans avoir peur de se faire tirer dans le dos par un alpha manipulateur qui cherche à affermir son pouvoir en prenant les faiblesses des autres comme des forces à exploiter à leur avantage.

Je sais très bien que c’est un vœu pieux, et que le cycle exploiteur-exploité ne se terminera pas simplement parce que je le souhaite. Mais j’envoie ce souhait dans l’océan en espérant que l’on puisse profiter de cette gentillesse, sans l’exploiter, et que ces gentils puissent faire ce qu’ils font le mieux, c’est-à-dire de faire plaisir.

Et quelques fois, je me dis que si nous écoutions un peu plus les gentils, et portions un peu plus attention à ce qu’ils disent plutôt que les brimer, le monde se porterait un peu mieux. Les gentils savent comment faire, ils le font naturellement. Il faut juste les laisser faire.  

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Voici une partie de la bande en 2019, Josée Delisle, Catherine Hogues, Richard Bordage, Guy Joe Levacher, Pascal Lachaine, Yannick Boisvert et Stephan Voisine.

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Pour l’histoire, bien des années plus tard, c’est Yannick qui a fait revivre ce groupe disparate de l’OLIMPE. C’est lui qui grâce à la magie des médias sociaux, fait que ce groupe, qui a bien vieilli maintenant, se retrouve du moins virtuellement vivant, ou l’on prend des nouvelles de l’un ou de l’autre. C’est Yannick qui encore une fois anime ces rencontres et qui fait le lien entre les personnes. C’est de lui que l’on prend des nouvelles et qui fait le relai entre l’un et l’autre. C’est lui qui fait revivre cette époque tellement importante pour plusieurs à travers ses histoires, ses posts, et ces rencontres. Yannick est maintenant le chef charismatique pour le plaisir. Maintenant que personne n’a plus rien à prouver, maintenant qu’il n’y plus d’enjeu de pouvoir ni d’argent dans cette dynamique, c’est Yannick qui prend enfin son véritable rôle, celui d’âme de l’Olimpe. Et tout comme Zeus dans son monde, il veille sur son groupe, comme un papa attentionné et passionné. Et finalement le Gentil Yannick reigne enfin sur son Olimpe, en faisant ce qu’il fait de mieux dans sa vie, être gentil.

Yannick, Stephane et François

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Finalement, j’ai tout près de moi, le plus gentil des gentils, le plus chevaleresque des gentils, celui qui réussit tous les jours à vivre cette gentillesse tout en tenant loin de lui les chevaliers noirs malheureux. Ce Chevalier Blanc du Ciel qui terminera bientôt son stage afin d’être un pilote à part entière, mon fils François, ou plutôt mon White Knight, celui qui défendra la veuve et l’orphelin, celui qui montera au combat contre l’injustice, celui qui à son corps défendant sera là pour ceux qui en ont besoin.

François pour qui faire du bonheur autour de lui est plus qu’une mission, c’est une destinée.  

Love, you mon fils.

François le Chevalier Blanc du Ciel